Les gouvernements politiques peuvent être sujets à des blocages et à une paralysie décisionnelle, lorsque les partis politiques ne parviennent pas à s’entendre sur des questions clés. Cela peut retarder la prise de décision et compromettre la capacité du gouvernement à agir rapidement en cas de besoin. Une situation que le pays a connue pendant plus d’une décennie.
Alors que le paysage politique a été chamboulé par les évènements du 25 juillet 2021, les partis politiques, qui y exerçaient longtemps une hégémonie certaine, n’ont plus, semble-t-il, le même pouvoir. La donne a changé et leur marge de manœuvre s’est considérablement réduite.
L’actuel gouvernement, dont la composition a été plusieurs fois révisée, fait l’objet de multiples appels de remaniement, notamment après le départ de Najla Bouden.
D’ailleurs, l’actuel locataire de La Kasbah, Ahmed Hachani, n’a pas encore annoncé ses intentions. Va-t-il conserver la même équipe ou procédera-t-il à un large remaniement ministériel pour stimuler l’action gouvernementale ?
Autant dire que le dernier mot reviendra au Président de la République, Kais Saied, lui qui appelle sans cesse à l’assainissement de l’administration pour mettre fin à différentes sortes de blocages provoqués. C’est dans ce contexte que le parti Echaab, une formation qui a soutenu, dès le départ, le processus du 25 juillet, a appelé ouvertement à un gouvernement politique, mieux encore, réclamant des portefeuilles ministériels.
Ce parti, qui a dénoncé la « mauvaise gestion des affaires de l’État et l’exclusion de toutes les composantes politiques et sociales qui soutiennent le processus du 25 juillet », défend l’idée d’un «gouvernement politique» qui mettra en place un grand programme de réformes, estimant qu’il est indispensable de mettre fin à la crise qui secoue le pays.
D’ailleurs, son président, Zouhaier Maghzaoui, affirme que le parti « attendait plus du Président de la République, Kais Saïed, et du processus du 25 juillet », dans la mesure où « c’est lui qui définit les politiques publiques ».
A ces appels, il n’y a pas eu d’échos notables. Sans parler du fait que la majorité des partis politiques ont décidé de boycotter le processus du 25 juillet, au moment où le Front de salut poursuit ses manœuvres en s’opposant au processus initié par le Président de la République, Kais Saïed.
Qu’est-ce qu’un gouvernement d’experts ?
La composition des différents gouvernements post-révolution a toujours été soumise à des tractations politiques. Certains sont parvenus à trouver les équilibres nécessaires pour s’y maintenir, d’autres ont rapidement connu un échec cuisant et ont été ni plus ni moins éliminés de la scène. D’ailleurs, nous comptons aujourd’hui treize gouvernements depuis les évènements du 14 janvier 2011. Il n’en demeure pas moins que la question des gouvernements de technocrates est toujours d’actualité.
De façon générale, le gouvernement des experts, appelé également le gouvernement technocratique ou de technocrates, ressemble beaucoup plus à une formation apolitique composée de techniciens qui peuvent contribuer à la gestion des affaires publiques, et qui jouissent d’une expertise, chacun dans son domaine. Autrement dit, un gouvernement technocratique est un modèle de gouvernement où les décisions politiques et administratives sont prises principalement par des experts techniques et des professionnels hautement qualifiés dans des domaines spécifiques, plutôt que par des hommes politiques. Ce type de gouvernement repose sur l’idée que les problèmes complexes de la société nécessitent des solutions qui s’appuient sur des connaissances spécialisées et sur des compétences techniques, plutôt que sur des considérations politiques ou idéologiques. Ce serait le cas avec le gouvernement Ahmed Hachani, lui-même connu pour être un technocrate sans aucune coloration politique.
Tout est politique
Le politologue Sahbi Khalfaoui assure que le gouvernement de technocrates est une formation composée de personnes qui savent gérer les dossiers. Ce sont des professionnels issus de l’administration et d’ailleurs. Cependant, il estime que l’actuel gouvernement est plutôt composé de bureaucrates. « L’actuel gouvernement est un gouvernement de bureaucrates, à ce que je sache, ses membres sont tous issus de l’administration tunisienne. D’habitude, on fait appel aux technocrates lorsqu’une crise sévit, notamment dans les régimes parlementaires instables », explique-t-il.
Quid des gouvernements dits politiques ? Notre interlocuteur écarte ce scénario. « Nous sommes actuellement dans un régime ultra présidentialiste, sa nature fait en sorte que l’exercice de la politique ne se fait qu’à travers l’incarnation du gouvernement géré par le Président de la République. Tous les ministres sont appelés à s’y conformer. Un gouvernement politique nécessite un débat, une concertation, des choix, or c’est le Président qui définit les politiques générales de l’Etat. La politique à l’intérieur du gouvernement ne pourra pas se faire actuellement» insiste-t-il.
Khalfaoui estime toutefois que « tout est politique ». Selon lui, un ministre, même si c’est un technicien, aura des choix politiques à faire. « Un ministre c’est celui qui décide, ses conseillers transforment la décision en parole technocratique. Autrement dit, un ingénieur en génie civil définit au gramme près combien il faut de béton pour construire un pont, c’est le technocrate. Le ministre, lui, définit les priorités et décide où le pont sera construit », explique-t-il.
Il rappelle également qu’à un moment donné, le gouvernement des experts était nécessaire en Tunisie, lorsque nous avons subi à maintes reprises des crises et blocages politiques profonds. « Cela a été le cas en Tunisie avec le gouvernement Mehdi Jomâa, lorsque nous avons décidé de ne pas recourir à un gouvernement politique. Mais d’habitude, un gouvernement doit être politique, selon des normes de représentation et des élections », conclut-il.
Un problème de légitimité ?
Les technocrates ne sont généralement pas élus par le peuple. Ce qui soulève des questions sur la légitimité démocratique de leurs décisions. Aussi, un gouvernement politique peut être enclin à prendre des décisions qui s’appuient sur des considérations politiques à court terme, plutôt que sur des solutions basées sur des données ou des preuves. Cela peut entraîner un manque de responsabilité envers les électeurs et provoquer une distanciation entre le gouvernement et la volonté populaire. C’est un dilemme, expliquent certains observateurs.
De même, les gouvernements politiques peuvent être sujets à des blocages et à une paralysie décisionnelle, lorsque les partis politiques ne parviennent pas à s’entendre sur des questions clés. Cela peut retarder la prise de décision et compromettre la capacité du gouvernement à agir rapidement en cas de besoin. Une situation que le pays a connue pendant plus d’une décennie.
Comment trancher ? Un chercheur en sciences politiques estime que le choix entre un gouvernement politique et un gouvernement technocratique dépend de nombreux facteurs, mais surtout des priorités. « Il n’y a pas de réponse unique à cette question, car chaque système de gouvernance a ses avantages et ses inconvénients, et ce qui fonctionne le mieux peut varier en fonction des circonstances. Les circonstances actuelles nous amènent à privilégier un gouvernement d’urgence économique. Lui attribuer toutes les prérogatives pour réussir, tout en assurant une stabilité politique au service d’objectifs clairement définis, indépendamment des profils ou de leurs orientations politiques», explique-t-il sous couvert d’anonymat.
Et de rappeler que « Certains pays ont des systèmes mixtes où des experts techniques occupent des postes politiques importants, d’autant que même les techniciens ont toujours eu des positions politiques non exprimées ».
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Dr. E. Moudoud
5 septembre 2023 à 19:46
PEU IMPORTE SI KHALIL…’TECHNOCRATES’…’POLITIQUES’ …LÀ N’EST PAS L’ESSENTIEL! CE QUI COMPTE C’EST LA ‘LÉGITIMITÉ’…LA ‘SOURCE’ MÊME DU POUVOIR ‘ÉLU’ PAR LE SEUL ‘PEUPLE SOUVERAIN’…SINON ON VA PASSER DES ‘SIÈLES’ ENCORE…DEPUIS MONTESQIEU ET TOCKVILLE, À GAMBERGER’ SUR ‘L’ESPRIT DES LOIS’ ET DE ‘LA DÉMOCRACIE EN …TUNISIE’. UN ‘TECHNOCRATE’, MÊME DE RENOMÉE MONDIALE…S’IL ACCEPTE ‘HUMBLEMENT’, DE DEMANDER LA ‘CONFIANCE’ DE SON PEUPLE …DE SORTIR DE TUNIS DE TEMPS EN TEMPS… N’EST PLUS UN ‘TECHNOCRATE’…IL DEVIENT UN ‘POLITIQUE’ AU SENS ‘PUR’ DU TERME…CAR IL SE MET ‘À L’ÉCOUTE’ DE SON PEUPLE DANS TOUTES NOS REGIONS, NOS VILLES ET NOS VILLAGES…OUBLIANT AINSI ‘L’ARROGANCE’ TRADIONNELLE ET BIEN CONNUE DES ‘TECHNOCRATES’ QU’ON VOIT PRESQUE TOUS LES SOIRS AU JOURNAL DE 20hr… VIVE LA TUNISE. VIVE LA RÉPUBLIQUE. VIVE KAIS SAIED. BOURGUIBA NE MOURRA JAMAIS…JAMAIS.